En pénétrant à Aigues-Vives, situé entre Nîmes et Montpellier, c’est une certaine atmosphère d’antan que l’on retrouve. Odeurs de terre, de feu de cheminée… et puis cette lumière particulière, qui confère au village une sérénité hors du temps.

Lieu de naissance de Gaston Doumergue (Président de la République entre 1924 et 1931) et de Jean Bosc (caricaturiste historique), Aigues-Vives semble attachée à une authenticité qui la rend douce et attractive. Traditions taurines camarguaises et art de vivre Languedocien s’y mêlent sans pour autant renier une belle ouverture et un attachement à la culture et à l’art dans sa globalité. En témoignent des manifestations reconnues, tel le Festival du Court-Métrage, celui de la Musique Classique, les expositions au Temple et l’accrochage des toiles de rue.

C’est dans ce berceau de la Petite Camargue que se trouve la seule et dernière poterie de France à maintenir la fabrication de la poterie vernissée utilitaire de tradition française, d’après des modèles anciens et un savoir-faire en voie de disparition. Le ton est donné !

En poussant la porte vitrée et en découvrant cet « artistique bazar », on se sent comme détenteur d’un secret, celui des coulisses d’une fabrique ancestrale.

Un « bonjour » joyeux et une équipe dont l’entente semble presque familiale vous accueillent dans l’atelier de fabrication. Richard ESTEBAN raconte ses débuts avec une emphase teintée d’émotion. Lui qui, à 16 ans, s’orientait plutôt vers une carrière autour des voitures de courses débute un travail saisonnier au sein d’une poterie. Travail qui va changer sa vie.

C’est en 1971 qu’il découvre le monde de la poterie et « Ça m’a plu tout de suite ! Je pourrai exercer ce métier à la campagne !», dit-il avec son accent chaleureux. Il évoque le gamin qu’il était et qui a grandit dans un H.L.M. de Montpellier, rêvant de vivre proche de la nature.

Il devient alors apprenti tourneur à Valbonne, puis tourneur chez Foucard-Jourdan, la dernière poterie traditionnelle en activité de Vallauris. Initié par les derniers vieux potiers de ces célèbres ateliers, il apprend à tourner 100 assiettes à l’heure ! Il faut savoir qu’à cette époque-là, les tourneurs de Vallauris étaient payés à la pièce.

Au détour de la conversation, il y a un nom qui reviendra souvent : celui de Philippe SOURDIVE, son mentor. Dès 1975, c’est auprès de lui qu’il continue son apprentissage, dans le village de Cliousclat, dans la Drôme. C’était l’un des rares potiers à maintenir, voire à ressusciter la tradition de la poterie vernissée. Il y apprendra le décor, l’enfournement et la cuisson au four à bois ainsi que la « fantaisie » du décor au barrolet. P. SOURDIVE avait chez lui de vieilles poteries vernissées, notamment une vieille marmite de St Quentin-La-Poterie, cette pièce lui sera décisive.

Dès cette rencontre, Richard ESTEBAN a su qu’il deviendrait fabricant de poterie traditionnelle vernissée.